Le texte adopté lors du Grenelle affirme que "la route et l'avion deviennent des solutions de dernier recours", précisant que "la capacité routière du pays ne doit plus augmenter, sauf pour éliminer des points de congestion ou des problèmes de sécurité." Le ministre a aussi indiqué qu'il n'y aurait pas de nouveaux aéroports.
C'est un succès inespéré pour les associations d'environnement, qui demandaient l'arrêt du programme de quelque 2 500 km de nouvelles autoroutes actuellement prévu. Reste à voir si le terme de "points de congestion" ne permettra pas de maintenir des projets de "contournements" très contestés, comme à Toulouse, Strasbourg et Bordeaux.
RÉÉVALUATION DES PROJETS ENGAGÉS
La secrétaire d'Etat à l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, a précisé la méthode : "Un CIAT [Comité interministériel d'aménagement du territoire] aura lieu cet hiver, et définira un nouveau schéma d'infrastructures pour mars 2008." Les projets déjà engagés seront réévalués en fonction de leur impact environnemental et des émissions de gaz carbonique qu'ils pourraient générer.
Abandonnant les autoroutes, le gouvernement prévoit de développer une deuxième voie de ferroutage entre le nord et le sud de la France (une première est entrée en service en septembre entre le Luxembourg et Perpignan). Il entend aussi créer des lignes à grande vitesse (TGV) : 2 000 km pour une mise en fonctionnement en 2020, puis 2 500 km supplémentaires pour 2030.
Mais ce projet est disputé par les associations d'environnement, qui soulignent que les TGV posent un problème en termes de biodiversité – par l'effet de coupure des paysages – et ne modifient pas forcément les modes de transport : "Attention aux gares dans les champs de betteraves dans lesquelles on doit venir de loin en voiture", dit Michel Dubromel, de France nature environnement, qui poursuit : "Avant de réaliser de nouvelles lignes, il faut maintenir en bon état le réseau actuel." Or celui-ci est très mal entretenu et se dégrade, comme l'a constaté un audit approfondi de l'Ecole polytechnique de Lausanne (Le Monde du 21 septembre 2005).
Le texte du Grenelle prévoit "une mise à niveau préalable et nécessaire du réseau existant". Les budgets étant limités, il faudra sans doute arbitrer entre la maintenance et de nouveaux TGV. Une nouvelle bataille s'annonce.
Hervé Kempf