Le débat sur la future autoroute relance
le tracé Est de la rocade
Ce sont finalement plus de quatre cents personnes qui sont venues à la réunion d'information coordonnée par l'AVERN, mardi soir, à la salle des fêtes de Garnay (lire aussi notre édition de mercredi). Une salle pleine comme un oeuf avec un public venu de toutes les communes concernées par le projet d'autoroute et de nombreux élus locaux, maires de petites communes comme Mme Pinard d'Allainville, Mme Épiphane de Garancières, Patrick Jouteau de Crécy-Couvé... Toutes ces personnes concernées par le projet ont été pour beaucoup un peu « estomaquées » lorsqu'elles ont réalisé que le principe d'une autoroute à deux fois deux voies concédée au privé, donc à péage, reliant Nonancourt à Dreux, via Chartres puis Allaines, avait été adopté à la « quasi unanimité », selon les propos de Gérard Hamel, député-maire et président de la Communauté d'agglomération du drouais. Un choc, pour beaucoup de ces personnes qui n'avaient pas lu, ou cru, les articles publiés dans notre journal depuis quelques semaines sur ce sujet : « Pourquoi nous met-on devant le fait accompli aujourd'hui ! » ont demandé plusieurs intervenants. « Pourquoi est-on informé ce soir alors que ce projet semble avoir été préparé depuis longtemps ? ».
Des arguments frappants
Daniel Frard, conseiller général maire de Vernouillet, confirma en effet, que la plupart des élus du secteur concerné avaient reçu l'ébauche de projet depuis « maintenant deux ans ».
Deux ans déjà sans débat, et aujourd'hui il faut « aller vite », selon Jacques Lemare, conseiller général de Dreux-Ouest. En bon élu favorable au projet, il a su employer des arguments frappants : « Nous allons devoir faire face à un flux sans cesse croissant de véhicules dans les années à venir, et bien avant 2016, date prévue pour la mise en service de cette autoroute. De 20.000 par jour sur le secteur de Dreux, nous allons atteindre 30 à 35.000 véhicules par jour. De plus, l'arrivée de l'autoroute A19, au sud de notre département, va compliquer les choses » estime l'élu qui poursuit « Ce n'est donc pas de gaîté de coeur que nous faisons cette autoroute, si on ne l'a fait pas nous risquons l'asphyxie de notre secteur économique ». Tous les élus favorables au projet ont tenté d'expliquer qu'aucun tracé n'était arrêté, qu'un débat public aurait lieu, qu'il faudrait discuter sur le volet « péage » d'une route en grande partie déjà réalisée et payée par les contribuables. Peu y a fait, le public ayant pris conscience que le raccordement autoroutier partirait d'un point A (Nonancourt) pour relier un point B (Marville-Moutiers-Brûlé).
Garnay, village menacé
Lorsque l'on sait aussi que le tracé sud du contournement de Saint-Lubin/Saint-Rémy, est acquis (ce fut à nouveau confirmé par Gérard Hamel, puis par Jacques Lemare), on réalise facilement que Garnay, par exemple, n'échappera pas beaucoup aux quelques améliorations qui pourraient être apportées au projet, en faisant donc un village menacé. Les élus favorables au projet ont tenté un moment de se « défausser » sur l'État et la toute puissante Direction des routes. Patrick Jouteau, le bouillant maire de Crécy-Couvé, est alors intervenu pour mettre tous les élus au pied du mur en disant en substance : « Si l'État ce n'est pas les élus choisis par le peuple, alors c'est qui ? » Gérard Hamel, en reprenant le micro, un peu plus tard, a tenté de rassurer : « Nous allons assumer nos responsabilités sur le plan environnemental en ne laissant pas faire n'importe quoi. Et puis, si on ne voulait entendre personne, nous ne serions pas là ce soir. J'ai la conviction que l'on peut passer dans ce secteur en faisant le moins possible de dégâts sur l'environnement ».
Mardi soir, beaucoup de gens auraient aimé savoir où passera précisément la future autoroute. Ils en auront été pour leurs frais parce qu'avant de disposer d'un tracé fiable il « faudra au moins dix-huit mois à l'État pour préparer le dossier et mettre en place le débat public », a estimé Daniel Frard.
En attendant, les opposants vont s'organiser pour tenter de proposer d'autres solutions que ce projet qui « coupe le pays Drouais en deux ». Bien d'autres questions sont restées sans réponses, notamment celles concernant les futures bretelles desservant Dreux. Elles sont à elles seules très consommatrices d'espace.
J.-.P. D.