Contourner Chartres en reliant Dreux à Orléans par une autoroute payante : c'est le projet officiellement annoncé le 26 janvier à Chartres. L'actuelle nationale 154, gratuite, qui relie les trois agglomérations, est en effet saturée. De 10 000 à 12 000 véhicules, dont 40% de camions, l'empruntent chaque jour, traversant l'agglomération chartraine à grand mal. Une situation intenable à brève échéance: à la fin de 2009, la nationale sera reliée, au nord d'Orléans, à la future A19 en provenance du nord-est. Le trafic risque donc d'augmenter. Et les nuisances avec.De plus, l'impact du projet est national : ce tronçon d'autoroute doit achever le bouclage d'une sorte de superfrancilienne (voir carte).
A Chartres, l'ensemble de la classe politique, à l'exception des Verts, est depuis longtemps favorable à une mise en 2 x 2 voies complète de la RN 154. Certes, une telle route est en construction entre Dreux et Chartres par les services de l'Etat. Mais les travaux ont démarré en... 1988. «Dix-neuf kilomètres en vingt ans!» raille Bernard Farion, vice-président (PS) du conseil régional. Le caractère payant de l'autoroute paraît donc le meilleur moyen d'accélérer les travaux. C'est la position de Jean-Pierre Gorges, le maire de Chartres. «Nous n 'aurons jamais de 4-voies si l'usager ne paie pas », argumente le député maire UMP, qui revendique la paternité du projet d'autoroute payante. «L'Etat est tellement endetté qu 'il n 'a plus les moyens d'assurer son rôle », ajoute Eric Chevée (UDF).
La solution passe par la concession d'une autoroute payante entre Nonancourt (nord de Dreux) et Allaines-Mervilliers (nord d'Orléans). Une centaine de kilomètres, en parallèle de l'actuelle RN 154, qui pourraient être mis en service «entre 2012 et 2014», estime le maire de Chartres. «Mais il faut que les déviations d'Ymonville etd'Allonnes soient réalisées », avertit Bernard Farion. A la Direction régionale de l'équipement, on assure que ces deux chantiers seront réalisés. Autre condition, et non des moindres, posée par le conseiller régional : « Que la participation financière de la région soit la plus faible possible. » Le coût du projet est évalué entre 650 et 700 millions d'euros pour un trafic possible compris entre 10 000 et 15000 véhicules par jour. Pas assez rentable pour les sociétés privées. L'Etat et les collectivités locales (communes, département, région) devront donc mettre la main au portefeuille.«La contribution publique devra être comprise entre 80 et 120 millions d'euros, à répartir à parts égales entre l'Etat et les collectivités locales », annonce la Direction de l'équipement. Une perspective qui hérisse les Verts d'Eure-et-Loir: «L'Etat ferait mieux d'utiliser notre argent pour améliorer les transports en commun, en particulier pour rouvrir la ligne ferroviaire Chartres-Orléans. »
Selon Vincent Pourquery de Boisserin, directeur régional de l'Equipement, le projet d'autoroute offre pourtant deux avantages majeurs: «D'abord, en transformant cette route nationale aujourd'hui très accessible en autoroute avec peu d'entrées et de sorties, nous favoriserons la concentration du développement économique et des habitations à Dreux et Chartres. L'autre intérêt est de soulager le trafic, et donc les nuisances, dans des villages aujourd'hui traversés par des milliers de véhicules. »
Reste la question des péages. L'UDF Eric Chevée exige des compensations ou des solutions de gratuité pour les résidents. «Normalement, tout le monde paiera », répond Vincent Pourquery de Boisserin. Mais le directeur régional de l'Equipement laisse la porte ouverte à des aménagements : « Nous étudions des abonnements pour les usagers quotidiens, que nous évaluons à un millier. Ils pourraient effectuer leurs trajets pour 1 euro par jour. »LE POINT 29 mars 2007