données
Contre-vérités, désinformations, mensonges. A vous de juger.
Depuis mars 2007, je suis de près ou de moins près le débat concernant la RN 154.
J’écris ce billet pour exprimer mon incompréhension, et si j’osais, ma défiance vis-à-vis des propos portés par les élus défendant le dossier.
Le débat a été truffé de nombreuses déclarations qui se sont trouvées par la suite démenties au fil des informations.
Commençons par le début : la première réunion publique organisée par l’AVERN le 20 février 2007 à la salle des fêtes de GARNAY devant plus de 400 personnes. Ce soir-là, pour la première et la dernière fois, tous les élus de l’agglomération drouaise ont accepté de répondre aux questions de la population.
La désinformation a commencé là.
Article de Fabrice Hodecent dans La République du centre du 21 février 2007 relatant ces échanges.
« Prenant dans un premier temps chacun la parole afin d'expliquer les enjeux de l'autoroute (environnement, tracé, péage, impact sur le développement économique), presque tous les élus ont expliqué qu'ils n'y étaient pour rien, qu'il s'agissait là d'un projet imposé par l'État, dont aucun représentant n'était d'ailleurs présent dans la salle. »
« C’est un projet d’Etat. Un débat public sera nécessaire. » disait Monsieur Hamel. (Article de l’Echo pour cette même réunion))
Nous avons interrogé le responsable du projet lors du débat public.
Olivier de SORAS (2 mn) : « Il restait une question sur : qui a demandé quoi ?
Qui a demandé ce fichu aménagement d’autoroute qui nous mobilise tant ?
La demande a émané du territoire, d’un ensemble d’acteurs locaux politiques, économiques, acteurs institutionnels, etc., ….. La demande d’origine est une demande du territoire sur les réflexions qui peuvent être menées pour accélérer l’aménagement de la RN154. » (voir verbatim de la séance du débat public, mi-décembre 2009 à Dreux)
Lors de cette même réunion à Garnay, M. Lemare déclarait :
« Nous allons devoir faire face à un flux sans cesse croissant de véhicules dans les années à venir, et bien avant 2016, date prévue pour la mise en service de cette autoroute. De 20.000 par jour sur le secteur de Dreux, nous allons atteindre 30 à 35.000 véhicules par jour. De plus, l'arrivée de l'autoroute A19, au sud de notre département, va compliquer les choses ». De son côté, M. Gorges déclarait dans la presse que cette même A19 apporterait plus de 10 000 véhicules supplémentaires par jour.
Nous avons immédiatement mis en doute ces estimations auprès des autorités. L’avenir nous a donné raison. L’A19 reste une autoroute désespérément vide. Le trafic baisse sur tout le tracé de la 154.
Ces mêmes élus ont totalement boudé le débat public organisé par l’état. Lors de celui-ci, nous avons démontré que le projet proposé par la DRE, à la demande de nos élus, n’était pas viable.
La hausse de trafic espérée, les hypothèses financières, les problèmes d’accidentologie, etc, ont amené la commission du débat public à rendre un rapport plus que tiède vis-à-vis du projet.
Se rendant compte, que le débat public où ils avaient brillé par leur absence leur avait échappé, les élus ont fait le siège du bureau de M. Borloo pour sauver leur dossier.
Ils ont réussi à forcer la décision. Mais la nécessité d’organiser un nouveau débat public a été imposée. Le ministre ne pouvait pas totalement désavouer la commission du débat public.
Juste avant que le débat ne se termine, fut inventé l’autoroute gratuite pour les euréliens. Ultime argument pour tenter de convaincre la majorité de la population qui s’était montré hostile au projet A 154. Le droit d’octroi était réinventé pour entrer et sortir d’Eure-et-Loir !!!
Combien cela allait il coûter, où les péages seraient-ils placés, comment allait-on obliger les automobilistes à emprunter l’autoroute au niveau de Saint-Rémy sur Avre et ne plus leur permettre d’utiliser la voie habituelle et gratuite ?
A nouveau les contre-vérités et les approximations hantaient les déclarations de certains élus.
Une enquête publique a donc commencé. Et là, la question qui fâchait avait disparu des discussions.
On ne parlerait plus du financement. Ce point pourtant crucial serait débattu ultérieurement après les choix de tracé. Les élus décidaient donc d’endetter l’état, le département, les agglomérations sans en connaître le montant. Un peu léger pour des personnes chargées de décider de notre avenir.
La commission « mobilité 21 » a donc rendu ses propositions récemment.
A nouveau, les chiffres fantaisistes fleurissent. Le nouvel « élément de langage » employé ces derniers temps par quelques élus me fait bondir. Ils répètent à souhait que l’état ne devrait verser que 50 millions d’euros pour la réalisation de l’autoroute.
D’où vient ce chiffre ? Il est tiré des études de faisabilité réalisées en 2006 avec un péage sur toute la longueur du tracé. Ces études prévoyaient une augmentation du trafic de 2,5 % par an jusqu’en 2035. A cette époque, il n’était pas question de l’aménagement de la RN 12 au nord de Dreux. Où est donc passée la gratuité que vous promettiez aux euréliens.
Ainsi, le débat concernant le sujet qui nous intéresse, a été alimenté régulièrement par des chiffres que ses auteurs savaient pour le moins approximatifs. Ces données, reprises par la presse sans vérification, ont faussé la perception de la population de l’Eure et Loir. Dommage.
« Votre autoroute » ne sera jamais rentable et coûtera une fortune aux euréliens.
Lorsqu’elle sera payante, les camions ne l’emprunteront plus. Vous aurez alors créé un ruban de bitume que nos enfants devront financer, et payer pour l’emprunter.
Bertrand THIERRY